(Le 27 février 2006, Val Montant, frère ainé d’Antoine, glisse d’une falaise verglacée qu’il escaladait, de nuit, pour remonter à pied après un base-jump au Salève. Le 21 octobre 2011, décollant en combinaison ailée (wingsuit) de la pointe de Sale, près de Sixt, Antoine Montant percute le relief. Il se tue 5 ans après son frère Val, il avait 30 ans. )
« O’ conu »… ça a dû être ta dernière parole, quand t’as vu que ca passait pas, même pas t’y avais pensé, ca allait trop bien, trop vite, trop près, trop cool… ces moments parfaits qui te nourrissaient depuis tout le temps. En harmonie avec l’ élement, avec le mouvement, en quête de sensations nouvelles et uniques. On te connaissait à l’oeuvre en ski, en montagne, et sous une voile, en voltige ou en speed, même les choucas se cachaient, mais lá, tu avais trouvė une nouvelle obsession, le top délire, superman : tomber d une falaise, le pire des cauchemars de l’humain, te faisait trop jouir, déjà plus de sauts en base qu’en avion, comme Val d’ailleurs, qui s’amusait à dire : “c’ est trop haut, j’ai le vertige”. Même en pratiquant tous ces sports « extrêmes », fallait pas que ce soit conventionnel, c’était encore trop ennuyeux, fallait que ça poudre ! Comme Val aussi, t’as suivi cette ligne de conduite : pars à fond, accélère à la fin. Tous les deux, vous nous avez fait flipper quelquefois, voiles cravatées, pas ouvertes, en torche, des impacts violents où ça rebondissait et faisait du bruit… ours Val et ourson Antoine se relevaient toujours, se dépoussiérant avec un joker en main, « même pas mort, même pas mal », et tout ça aurait pu durer, l’accident de Val, toujours incompréhensible, a miné cette philosophie et t’avait secoué au plus profond, il a fallu jouer avec cette mort qui rode et qui attend ton erreur pour t’emporter… alors on mise plus fort, Val en protection, et surtout, toujours pas peur ! T’ avais déjà bien prouvé ta résistance, mais là, t es allé un peu fort, Val n’a pas dû être content de te voir le rejoindre aussi tôt, mais maintenant, à deux, les anges n’ont qu’à bien se tenir, on compte sur vous pour y mettre un peu la panique et nous préparer le terrain, on vous y rejoindra tous bientôt.
Depuis cette première saison où Val nous avait confié son petit qui buvait 5 litres de lait par jour, et jusqu’à aujourd’hui, tellement de bons moments ont été partagés, il ne restera que des bons souvenirs, et le regret de ne pas voir tous tes projets se faire, pour ta famille, tes proches, et toi même, mais ainsi va la vie, et tous nous garderons cette force pour continuer ce long chemin. Bon viaghiu Ourson.
Olivier Léonetti
(DTE de l’école Altore en Corse, à St-Florent et Calvi). Antoine Montant travaillait chaque été avec Olivier et Tina, ils étaient un peu sa deuxième famille.
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