Coup de fil à Yves Goueslain 
(Directeur Technique National pour la FFVL

Ndlr. Ancien deltiste et parapentiste haut niveau, compétiteur, alpiniste, skieur, Yves est l’homme le mieux placé pour faire avancer les choses qui nous concernent, défendre les intérêts du vol libre auprès du gouvernement avec lequel il est en contact permanent.



Comment ça va, toi ?
Je préférerais pouvoir passer plus de temps à l’extérieur pour voler, skier, courir, rouler, mais on fait avec. Le confinement, le télé-travail, j’ai l’habitude, cela fait des années que je travaille ainsi. Et en ce moment, tu t’en doutes, il y a beaucoup à faire. Hier soir, un peu avant minuit, j’ai terminé et transmis au Ministère des Sports les propositions fédérales pour la reprise des activités vol libre.

 Alors pourrons-nous revoler le 11 mai ?
 C’est évidemment la question que tout le monde se pose. A notre niveau fédéral, nous ne pouvons faire que des propositions, les plus réalistes possibles afin qu’elles puissent être prises en considération aux différents niveaux décisionnaires du gouvernement. Avant tout, ces propositions doivent respecter au mieux la doctrine sanitaire qui reste la priorité. Nous proposons une reprise du vol loisir dès le 11 mai, en nous inspirant de ce qui se fait en Australie où l’on peut à nouveau pratiquer les activités sportives, bouger, mais sans se poser : ils peuvent courir sur une plage mais n’ont pas le droit de poser une serviette et de se faire bronzer. L’idée c’est donc qu’on pourrait se déplacer pour aller sur le site de pratique, en voiture, en navette ou à pieds, seul ou à deux mais pas en groupe, puis faire son vol, plier et rentrer à la maison. Donc sans se regrouper à l’atterrissage pour entreprendre de longues discussions de bistrots. Si nous pouvions déjà obtenir cela, ça ne serait pas si mal. Je me dis que nous avons disons une chance sur deux d’avoir gain de cause puisqu’on sait déjà qu’on aura le droit, dès le 11 mai, de marcher, courir, rouler en vélo, nager. Nos propositions concernent évidemment toutes les activités fédérales : parapente, delta, kite, cerf-volant, boomerang. Il faut aussi imaginer qu’il y aura peut être des adaptations par régions, en fonction de la situation sanitaire et des particularités de chaque région.

Et les écoles ? Les pratiques encadrées ?
Les professionnels ont besoin de casser la croûte, il est donc particulièrement urgent pour eux de pouvoir reprendre leurs activités au plus tôt. Nos propositions vont dans ce sens, bien sûr, mais si nous voulons qu’elles soient acceptées, il va falloir se conformer à des règles précises car un stage, ce sont plusieurs personnes ensemble dans une navette, du matériel qui passe de mains en mains. Nous travaillons en concertation avec les syndicats, les constructeurs. Supair par exemple, finalise un produit permettant de désinfecter les sellettes après chaque usage. Il faudra sûrement réduire le nombre de personnes dans un stage, dans une navette, accepter de porter des masques. Ce sera peut être difficile de faire accepter une reprise dès le 11 mai. Juin me semble plus réaliste.

Et le biplace ?
C’est évidemment le point possiblement délicat. Même avec des masques, c’est l’activité vol libre qui risque le plus d’être décalée. Peut-être faudra-t-il attendre l’été. Mais nous tentons aussi de convaincre qu’elle reprenne au plus vite, nous savons que c’est essentiel pour les moniteurs et les structures.

Les rassemblements, les compétitions ?
partir du 15 juin, on devrait pouvoir organiser des rassemblements de trente personnes maximum. Une compétition comme le championnat de France de voltige, prévu en juillet, devrait pouvoir être organisée dans ce cadre, même si ce ne sera pas facile, car il faudra évidemment mettre en place des règles restrictives pour que le rassemblement ne gonfle pas au-delà des trente personnes autorisées…

Allez, une petite conclusion, Yves…
Contrairement à ce que pensent certains, on bosse beaucoup et on ne fait pas de rétention d’information ! Et crois moi, c’est compliqué ! Je me rends mieux compte de l’énorme complexité à laquelle le gouvernement doit faire face, en acceptant, en plus, de s’en prendre plein la tête quoi qu’ils décident. Nous faisons des propositions les plus pertinentes possibles, mais il y a plusieurs niveaux de décision à franchir, alors on ne peut être sûr de rien à ce jour. Néanmoins je ne suis pas trop pessimiste. J’ai moi aussi hâte d’être en vol en mai !